COURS: Penser contre soi-même
Site: | Université Lyon 2 - Moodle Ouvert |
Cours: | Décodoc |
Livre: | COURS: Penser contre soi-même |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | dimanche 20 juillet 2025, 10:48 |
Description
ce cours comprend plusieurs pages
La désinformation n'est pas seulement dans les informations elles-mêmes, elle agit aussi dans celui qui les
reçoit: nos réflexes de pensée nous écartent bien souvent de la
rationalité.
1. Éloge du décentrement
Ci-contre: une carte du monde vu depuis l'Australie.
2. Biais cognitifs !
- pour l'information "courante, le cerveau est contraint d'utiliser le "système1" qui repose sur notre système intime de croyances, intuitions, et autres réflexes automatiques permettant d'aller vite.
- Le "système 2" serait purement rationnel, analytique et froid. Trop complexe et trop coûteux en temps pour que nous l'employions couramment, c'est pourtant lui qui permet de se forger des idées rationnelles.
Les biais cognitifs
- l'effet d'ancrage : c'est notre tendance à rester sur la première impression ou idée que nous avons eu sur un
sujet
- l'effet Dunning Kruger : c'est le fait que les moins qualifiés dans un domaine surestiment paradoxalement leur compétence
- la confusion entre corrélation et causalité
: savez-vous qu'il existe une corrélation entre le nombre de morts par
noyades en piscine et le nombre de films tournés par Nicolas Cage ? La
corrélation entre des données statistiques ne signifie pas qu'il y ait un
lien de cause à effet. Lorsqu'un article indique que le chômage a
augmenté à partir du moment où les femmes ont travaillé : ce n'est pas
lié ! Ce site donne de nombreuses corrélation étonnantes entre des faits qui n'ont strictement aucun lien entre eux.
- le biais du survivant : c'est le fait de concentrer son attention sur des éléments ayant survécu ou réussi quelque chose, et donc exceptionnels, pour en tirer des généralités fausses. Par exemple : considérer que les monuments d'autrefois sont mieux conçus et plus solides que ceux d'aujourd'hui en ne considérant que les bâtiments ayant survécu. Ou encore : lorsqu'un enseignant considère que c'est facile de réussir, parce qu'il est lui-même un élève "ayant réussi".
3. Le biais de confirmation
Dans le monde numérique, le biais de confirmation est sans doute le plus redoutable des biais cognitifs que nous ayons à affronter.
Qu'est-ce que le biais de confirmation ?
C'est la tendance que nous avons à sélectionner les informations qui vont dans le sens de ce que nous croyons (ou voulons croire) et à interprèter les informations dont nous disposons pour les faire parler en faveur de nos hypothèses favorites. Les recherches en psychologie montrent cette tendance à d'abord chercher des informations et tester des hypothèses allant dans le sens de nos croyances initiales.
Pourquoi est-il particulièrement piégeux en contexte numérique ?
La bulle de filtre ou bulle informationnelle
Les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux cherchent, pour des raisons économiques, à capter notre attention : plus nous restons sur leur plateforme, et plus ils engrangent de revenus publicitaires. Pour cette raison, ils cherchent à nous proposer des contenus qui, en s'appuyant sur nos navigations antérieures, correspondent au mieux à nos désirs.
Ils créent autour de nous ce qu'on appelle une "bulle informationnelle" ou "bulle de filtres" : un environnement d'informations spécifiquement conçu pour nous plaire et nous retenir. Nous ne décidons pas ce qui est dans cette bulle, ni ce qui en est rejeté : les algorithmes s'en chargent à notre place.
Algorithmes et biais de confirmation
Dans cet environnement, le biais de confirmation est une véritable bénédiction pour les plateformes numériques: les algorithmes alimentent en permanence ce mécanisme et, sans nous en apercevoir, nous recevons presque exclusivement des informations qui nous confirment dans notre vision du monde.
Eric Schmidt, patron de Google, prévenait dès 2010 à ce sujet: "Il sera très difficile pour les gens de regarder quelque chose ou de consommer quelque chose qui n'ait pas été, d'une manière ou d'une autre, conçu spécifiquement pour eux." (Wall Street Journal, 2010).
(image: par fellowship of the rich, flickrthecommons)
4. Subjectif, mais éclairé !
Il est illusoire de s'imaginer penser de façon neutre et objective. En revanche, il est possible d'essayer de limiter les risque inhérents à notre subjectivité.
Identifier les moments cruciaux :
Sur des sujets sensibles, ou dans des contextes particuliers et surtout dans le cadre de mes études et mes travaux universitaires, je dois sortir de ma routine du traitement d'information : c'est le moment où jamais pour utiliser le "système 2" de ma pensée, chercher des informations sourcées, les analyser patiemment, remettre en question mes croyances et mes convictions initiales.
Suspendre son jugement
Cultiver l'art du doute :
L'art du doute a un nom: la zététique. Il existe de nombreuses ressources à ce sujet, comme la passionnante chaîne Hygiène Mentale (capture ci-contre). N'hésitez pas à travailler ce muscle !