COURS : Décrypter le phénomène des fake news
2. Production des fake news ?
Fake news, des mécanismes pas si nouveaux
Ce qu'on appelle aujourd'hui fake news a en fait toujours existé. Avant l'imprimerie et la possibilité de diffuser à plus grande échelle, les fausses nouvelles se répandaient à l'oral ou par courrier, c'est ce qu'on appelle également des rumeurs.
Exemple du Dragon qui survole les toits de Paris (1531)
Cette fausse nouvelle est diffusée par les catholiques qui sont en conflit avec les protestants. Ils utilisent des croyances populaires pour influencer l'opinion. Les hérétiques sont désignés comme responsables de l'apparition du dragon.
Ce que l'on pense donc être de nouveaux phénomènes de désinformation commencent à exister dès les débuts de la presse. Des journaux parodiques reprenant les mêmes codes que la presse classique apparaissent créant la confusion chez certains lecteurs. C'est ce que l'on connaît aujourd'hui avec le journal Le Gorafi par exemple, celui-ci reprend les codes du journal Le Figaro à des fins satiriques (cf. exemple ci-dessous).
La concurrence existait aussi au début de la presse et pousse parfois à publier des informations non vérifiées. c'est ce qui est arrivé en 2015 lorsque l'AFP a annoncé la mort de l'homme d'affaires Martin Bouygues, information largement relayée dans les médias alors qu'elle était fausse.
La propagande et la manipulation par le pouvoir avaient aussi cours. Par exemple, en 1715, peu avant la mort de Louis XIV, les monarques sont en difficulté pour choisir son descendant, ils retardent la nouvelle en diffusant de fausses informations dans la presse. On pense aussi à la propagande nazie et du régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale.
Cette affiche de propagande du régime de Vichy datant de 1941 représente les supposés ennemis de la France.
Qui produit et diffuse les fake news aujourd'hui ?
Les fake news que nous voyons sont toujours produites dans un but précis, pour servir les intérêts d'une personne ou d'un groupe. Elles s'ancrent dans un contexte de cyberguerre. Les technologies du numérique changent la donne et ces groupes se saisissent des opportunités qu'elles offrent pour diffuser en masse de fausses informations. L'objectif est d'influencer l'opinion publique.
On distingue comme groupes :
- Des individus mal informés : ils relaient de fausses informations ou en produisent - sans forcément d'arrière pensées ou de stratégie - entretenant ainsi les mécanismes de viralité.
- Des groupes ou partis politiques : leur but est d'influencer l'opinion pour que l'on adhère à leurs idées. Par exemple, pendant la campagne de vote sur le Brexit, l'organisation Leave (pro Brexit) a diffusé dans les médias, les réseaux sociaux un nombre considérable de fake news pour influencer le vote. Leave annonce que le Brexit ferait économiser 18 milliards de livres, ce chiffre est repris par Boris Johnson dans sa campagne, pourtant après étude des documents de l'UE ce montant ce révèle être faux.
- Des gouvernements : ils cherchent à déstabiliser d'autres États pour influencer un vote, avoir la mainmise sur des ressources, un territoire etc. La Russie a par exemple influencé le vote en faveur de Donald Trump, c'est ce qu'on appel le Russiagate en créant de faux comptes Facebook diffusant de fausses nouvelles. Les mêmes techniques sont actuellement employés au Mali à l'encontre de la France ce qui a poussé au retrait des troupes.